Interview de RPSFM sur e-crossmedia.com

Le 05/06/2020 à 11:39

Dans PROGRAMMATION

Le service public fêtera dans 15 jours la naissance de Radio Mayenne, l’une des 3 premières radios locales créées par Radio France.

C’était  il y a 40 ans. Au même moment , de façon pirate et un peu plus au sud , naissait une radio associative.

Elle  est  aujourd’hui, du fait de la crise sanitaire, menacée de disparition.

L'interview :

Nous sommes une radio associative et  avons conservé l’esprit de départ;  la station est officiellement née en 1982.

Mais j’ai moi même commencé à la fin des années 70. A l’époque, quand on voyait arriver le camion de TDF, on arrêtait l’émetteur !

40 ans après, nous avons bien sûr évolué. Notre antenne est multithématique, sans orientation politique. Nous ne comptons que 2 salariés, avec aussi des  bénévoles.

  • Et vous vous trouvez en danger du fait de la crise ?

2.jpgNous émettons avec 3 fréquences FM sur 5 départements, depuis un village de 800 habitants. Nous fidélisons quelques 50 000 auditeurs. On travaille avec le monde associatif et événementiel. Nous vivons avec, et au service de quelques 400 clients associatifs, pour leurs fêtes, leurs foires …Nous les accompagnons toute l’année mais surtout l’été, dans  tous leurs événements. Mais depuis début mars toutes les associations sont à l’arrêt. Ils n’ont donc plus besoin de publicité à l’antenne.

Toutes les manifestations qui devaient se tenir cet été sont annulées du fait de la pandémie. Les bals, les concours de belote qui sont la réalité du tissu associatif, de la vie du monde rural, sont inexistants. Dès le début du confinement, les organisateurs ont commencé à avoir peur et ils ont tout stoppé. Ils ont annulé leurs manifestations.

  • Pourtant, du fait des récentes décisions gouvernementales, les événements sont à nouveau autorisés, en respectant évidemment les consignes de distanciations sociales …

 

micro covid rps fm (1).PNGEn effet, mais en réalité tout demeure annulé jusqu’au mois d’octobre. Ce sont, à l’échelon local, de grosses manifestations qui demandent plusieurs mois de préparation et ils n’ont plus le temps de se retourner. Et surtout, chaque fête aura du mal à trouver des sponsors puisque les commerçants se trouvent en fragilisé du point de vue économique, ils manquent tous de trésorerie. Ils disent tous qu’ils n’ont plus les moyens de contribuer comme ils le faisaient auparavant.

  • Du coup l’existence même de votre média se trouve en péril …

Ça date du jour où l’état a autorisé la publicité pour la FM. Le législateur a mis en place un mécanisme spécifique pour les radios associatives. Elles ne doivent pas dépasser 20 %  de leur chiffre d’affaire via la publicité commerciale, et une taxe parafiscale leur est reversée. Le problème, c’est que cette manne est calculée sur la base du chiffre d’affaires de l’année précédente. 

Nous attendons ces jours-ci le versement pour 2020 calculé sur les résultats de 2019. L’année prochaine ça sera une catastrophe puisque nos recettes seront quasi nulles,  toutes les manifestations sont annulées. C’est un boulet qu’on va traîner durant des années. On ne peut même pas dire qu’on va organiser un concert pour renflouer les caisses, c’est très compliqué compte tenu des mesures sanitaires imposées.

Nous sommes dans l’impasse. Les élus, nous les avons alerté, mais sans effet ! Nous sommes un réel acteur du lien social, de la vie de notre région, et notre voix risque purement et simplement de disparaître. Notre radio est pourtant le haut-parleur de notre terroir depuis 38 ans !